A lire extraits du recueil : "L'arbre et la mer"
Ta source est là
Sous le pont
Où j’entends le murmure de la montagne
Ces yeux dessinés à la proue de la barque
Sont-ils ceux qui voient l’avenir
Ou ceux qui plongent dans les souvenirs ?
Ton parfum m’a souri
Et je t’ai suivi
Je me suis blotti dans cette mer laiteuse
Qui chante d'abord avec les marins
Avant de les emporter au fond des maelströms
Ce matin, je ne suis pas plus grand qu'un angström !
Ah ! Ces cartes de l’enfance
Quand on posait un océan tout entier
Sur nos genoux maigrelets
Qui suis-je finalement ?
Une ile entre deux continents ?
Ces vagues qui vibrent
Comme les cordes de ma guitare ?
Cette écume
Faite de consonnes et voyelles entremêlées
Entassées en vrac
Qui ne signifient encore
Sortis brutalement d’un sac
Mais qui déjà prennent corps
Eclairées par le soleil
Les mots sont-ils nés ici, en bord de mer ?
A l’ombre des arbres
Où la pensée divague
Les racines carrées
Se nourrissent-elles
D’un peu d’eau et de sels minéraux ?
Avec les racines cubiques
Peut-on faire une infusion
En les rappant sur une table de décision ?
La racine septième du temps
Est-elle aphrodisiaque ?
Les racines du ciel sont-elles comestibles ?
Sur le pont, je mange une salade
De ginseng, d’igname et de gingembre
Pour soigner mon esprit malade
L’arbre au milieu de mon jardin
N’a que des feuilles, jamais de fleurs ou de fruits
Il ne cherche pas à se reproduire
Seulement à respirer plus fort
Jusqu’au vertige du départ
Qu’’il ne pourra jamais réaliser
Ce matin, le soleil s’est levé dans l’eau
Sans un mot, mais il parle déjà
A tout ce qui vit
Sans un mot, il pense
A ceux de la nuit
Qu’il n’a pas connus