A lire extraits du recueil : "je parle si bas que seule la lumière peut m'entendre..."
Sous une chaleur d'orage
je boirai jusqu'au rivage
cette bière bleue qui mousse
contre la coque blonde et rousse
pour arriver à tes pieds
ivre d'un vent iodé
Déjà je tangue sur ton ventre qui respire
je suis ton enfant, je suis ton amant
posé au sommet de tes montagnes
plus hautes que celles qui règnent sur terre
Sous une chaleur d'orage
je boirai jusqu'au rivage
cette bière bleue qui danse
et je m'assoupirai au creux de tes yeux
Je tangue sur ton ventre qui respire
Je suis ton enfant, je suis ton amant
Je prendrais tes rêves et tes sentiments
La lumière est si noire sur ta peau
Nous n’attendrons plus à la porte du néant
Ce sauveur qui se nourrit de cendre
Prenant l’écume pour du sang
Et les ombres pour de l’or
L’œil énorme, démesuré, n’est plus que terreur
Alors qu’il devrait éclairer
Alternativement tous les univers
Phare qui n’éblouit jamais
Orientant toujours le cœur
Enfin à l’Orient !
La main ouverte sur le vent
Nous n’attendrons plus à la porte du néant !
Encerclé de blocs de marbre
Aussi haut que des falaises
J’ai rêvé dans ce cimetière
A des arbres si élégants et si fiers
Qu’ils me proposaient leurs troncs
Pour libérer mon pauvre front peuplé
De tant d’idées qu’il ne pouvait plus rien imaginer
L’embellie est-elle ce garçon
Qui lit avidement ses premiers mots
Comme s’il refaisait déjà le monde ?
Quelques goélands ont sorti
Leurs épées pour m’escorter
La mer est plus dure que du fer
Tous les liens se sont défaits
Je m’accroche à la ligne de vie
Pourtant le temps est serein :
La mer tricote ses vagues jusqu’à l’horizon
L’air brosse doucement la chevelure des nuages
A mes pieds les cendres de la nuit
Font encore quelques tourbillons
Le soleil a ouvert en grand toutes les fenêtres
Alors pourquoi ce sentiment d’absence
Etalé sur cette plaine d’eau ?
Ce matin, nous sommes à marée basse
Les voiliers se sont couchés
Quartiers de lune tombés sur le rivage
A tenir la main de l’ombre
Nos yeux se sont assombris
Pourtant il existe en nous un silence si fécond
Qui ne demande qu’à parler !
Sur la plage, j’ai dénoué toutes les paroles
Qui s’étaient emmêlées
Maintenant je parle si bas que seule la lumière peut m’entendre…
Et la mer entière traversera mon cœur