Article : volonté et rêverie

VOLONTE  ET  REVERIE

La volonté chez l’homme aboutit souvent au drame.

Cette volonté indéfectible, contre vent et marée, est-il l’unique trait psychologique, en tout cas le plus fort ?

Les civilisations humaines se sont construites ainsi, en décidant ce qui est bien et mal, pour mener les êtres à une apogée illusoires, et cette volonté de puissance qui écrase tout sur son passage, est la forme la plus commune qui a dirigé et qui dirige encore les groupes pour satisfaire, la plupart du temps, des besoins personnels.

Cette volonté est l’outil, le bras armé du concept. On élabore une théorie, un schéma, une idéologie en dehors de toute réalité, en pensant que la réalité doit être changée au profit d’une reconstruction plus bénéfique. Ainsi la volonté sera le fer de lance d’un monde irréel qui creuse un fossé, voire une fosse dans le réel. Que dire des frontières, des religions, des régimes totalitaires qui ont produit, grâce à une volonté indestructible, tant de violences inhumaines.

Aujourd’hui cette volonté est mise en doute après les dégâts politiques du vingtième siècle et les catastrophes écologiques du troisième millénaire qui commence.

A cette volonté, on peut y opposer, pour rééquilibrer les activités humaines, la rêverie et la contemplation esthétique sous toutes ses formes pour apaiser un instant le malheur des hommes. Et quel est l’instrument de la rêverie, si ce n’est la poésie… D’abord par la contemplation de la nature pour retrouver les sens, puis par reconnaissance de la beauté, quand on arrive à la frontière de l’impensable.

La poésie, nouvel état d’esprit pour sauver la Terre… Quelle naïveté bien sûr que de le croire, et pourtant sur cette planète qui va manquer d’eau potable, c’est une source souterraine qui peut nous rafraichir et redonner vie à nos esprits égarés, pour repenser l’énergie, le vivre ensemble, le rapport à l’être, la présence au monde, ce monde où nous respirons  et qui nous nourrit. La poésie alors est aussi politique.

Avec elle, contrairement à la volonté, on doit inventer sa vie au lieu de suivre un schéma préétabli qui  serait la volonté absolue.

La poésie un moment de pause et de vie, une voie vers le bonheur, la voix de l’espérance.